Exposition à la Galerie Municipale de Châteauneuf sur Charente

« La devanture de notre galerie avec le triptyque en gros plan, d’une belle et vieille américaine, une Pontiac, au mufle chromé rutilant et puissant, nous donne une des tonalités de cette exposition.

Des automobiles peintes, dans des paysages, garées le long des rues de maisons ou d’immeubles, exhibent leurs lignes, leur carrosserie, leurs couleurs. De véritables personnages emblématiques d’un pays où tout est démesuré. Les lignes de fuite nous ouvrent de vastes horizons et par un jeu de miroirs soulignent, surimpriment ces ambiances de rue qu’affectionne notre artiste voyageur. Il ne manque que quelques airs de blues sur une guitare mélancolique et nous sommes sur la route aux States, à New York, les yeux au ciel devant des tours vertigineuses, dans un studio à écouter « When the saints. »

Paris, Venise, Tokyo sont elles aussi évoquées en couleurs. Le café Flore nous offre sa façade impressionniste, évoquant cette ville d’hier où se mesuraient les existentialistes. La Venise éternelle entre gondoles et vaporettos comme une carte postale dans le flot mouvant de la lagune, soleil levant, soleil couchant. Tokyo, saturée d’enseignes lumineuses, qui condensent dans le miroir transparent la foule aux ombrelles comme un fleuve ininterrompu de chalands.

Puis vient l’autre tonalité : à la couleur succède le noir de l’encre si précis, si fin, si fini que nous croyons à des photos. Des instantanés qui figent ces scènes de rue, avec les trams, les voitures, les fils électriques, les cyclistes, les badauds, les groupes d’hommes et de femmes les constructions. La vie grouille, une autre vie différente de la nôtre mais tellement humaine.

Pour terminer j’évoquerai l’eau qui est la troisième composante de cette exposition. Des quais avec les cordages des bateaux , l’eau bleue , les drapeaux qui flottent au vent, les ponts, les carrelets.

Tout est une invitation au voyage, à la découverte d’autres lieux, d’autres hommes, d’autres visions de la vie. Partir. Oui avec Dominique Yves Agnellet, nous sommes prêts à emprunter une de ces vieilles américaines pour découvrir le Maine ou la Louisiane et ses rythmes, à enjamber le vélo ou le bastingage pour fouler de nos pieds ces métropoles atypiques. Non, partir ce n’est pas mourir un peu, c’est vivre plus intensément, c’est s’ouvrir et s’élever. Avec cette exposition vous allez voyager . Alors embarquez-vous !  »

                                                                                       Marie-Hélène AUBINEAU