• La bonne et la mauvaise peinture

    André Fermigier nous parle d'expositions

    Je fouillais récemment dans ma bibliothèque, où j'ai retrouvé quelques ouvrages déjà anciens , mais qui m'ont semblé ne pas manquer d'intérêt...

    Le premier de ceux dont je voudrais vous parler s'intitule :

    « La bonne et la mauvaise peinture » d'André Fermigier, un recueil d'articles publié chez Gallimard en 2002.

    Le titre, à lui seul, est tout un programme...

    Dans un des textes, Fermigier écrit ceci :

    « Car on ne le dira jamais assez. Il y a trop d'expositions et la plupart sont inutiles. Rassemblement médiocre et calamiteux de toiles choisies au hasard autour des thèmes les plus futiles et les plus saugrenus, elles n'ont d'autre résultat que d'abîmer les tableaux (qui sont faits pour rester dans les musées et non pour être trimballés à longueur d'années dans des caisses) et de bassement séduire le public aux formes d'admiration les plus mondaines et les plus creuses, au lieu de lui montrer dans l'œuvre d'art stylistiquement et historiquement analysée l'occasion d'un plaisir solide, vertueusement et personnellement conquis, le plus durable et le plus pur que la vie nous réserve.

    Il ne doit y avoir d'exposition que scientifique et la seule limite que j'impose à mon enthousiasme à propos des expositions du XVIe siècle européen est qu'elles n'ont pas été assorties d'un colloque où la présence de spécialistes de disciplines parallèles (historiens de la littérature, de la politique, de l'économie peut-être, de la religion surtout, sans oublier, très prudemment choisis, quelques sociologues) aurait rendu plus efficaces les résultats d'une enquête orientée vers l'analyse des styles, des individualités, de la transmission des formes et aurait permis de poser, dans toute sa généralité et ses implications, le problème de la culture européenne au XVIe siècle.

    Exposition à faire, exposition à ne pas faire. Et dans cette dernière catégorie, au premier plan : l'exposition de la peinture française des musées de Leningrad et Moscou. Toiles douteuses, catalogue miteux, choix presque toujours contestable. Quelle occasion perdue ! »

    C'est extrait d'un article publié, à l'origine, dans le Nouvel Observateur, en décembre 1965. En ces temps où les expositions se doivent d'être des « blockbusters » drainant des foules innombrables mais finalement assez peu intéressées par les œuvres elles-même, où il est même difficile de vraiment regarder (la foule qui vous suit vous pousse déjà plus loin... vers la sortie !), on pourra toujours dire que la position de Fermigier est élitiste, mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il a plutôt raison.

    Il est vrai que j'ai connu un temps où on pouvait traverser la Grande Galerie du Louvre sans déranger le gardien qui était la seule présence humaine...

    Ceci dit, depuis que l'article de Fermigier a été écrit, il faut tout de même admettre que les musées et les commissaires d'exposition ont fait un énorme effort de médiation vers le public qu'il appelait de ses vœux (dossiers pédagogiques, animations diverses, notices documentées, …), ce qui n'est pas toujours suffisamment mis en valeur.

     

     

     

     

     


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