" Les instruments du travail à l'encre : 3ème partie "

Les pinceaux asiatiques sont assez différents des pinceaux européens, aussi bien dans leurs techniques de fabrication que dans leur utilisation.

Comme les peintres asiatiques utilisent surtout l'encre comme moyen d'expression, ils ont besoin de pinceaux qui « pompent » beaucoup de liquide. En général , on ne trempe pas franchement le pinceau dans l'encre, mais on laisse l'encre « monter » dans la touffe de poils par capilarité.

Voici un coffret de pinceaux chinois (poils de chèvre, de blaireau et de chevreuil).

 Les poils utilisés sont d'origines très diverses. On trouve même des pinceaux en plumes de coq ! Ces différents pinceaux portent d'ailleurs des noms variés et souvent poétiques selon leur taille, leur utilisation,...

Certains de ces pinceaux associent des poils de chèvre, blancs et souples, à l'extérieur de la touffe et des poils marrons (et plus raides) à l'intérieur (du cheval, du chevreuil, du blaireau, de la martre,...) afin de bénéficier des caractéristiques de chacune des deux sortes de poils.

 Ci dessous, un pinceau en poil de loup destiné surtout à la calligraphie, du fait de l'importance de la touffe, mais il est très utile pour couvrir rapidement de grandes surfaces comme des ciels, par exemple. Comme on peut le penser, après usage, le sèchage du pinceau est assez long...

Les poils peuvent être fixés au manche par une virole, comme en Europe, mais elle est en général faite en corne (ou en plastique!) et non en métal. Le plus souvent la touffe de poils est simplement fixée à l'intérieur d'un manche en bambou (ou en plastique...). (Voir des exemples de pinceaux japonais dans mon article « Collection de pinceaux »).

Voici des pinceaux japonais posés sur un bloc de papier pour les exercices de calligraphie. Les inscriptions sur le manche renseignent sur le fabricant et la qualité du pinceau.

Côte à côte un pinceau japonais acheté chez Ito Ya, célèbre papeterie de Tokyo, dans le quartier de Ginza, et un pinceau acheté dans un magasin à 100 yens (environ 1 €). L'aspect semble le même, mais, à l'usage, la différence de prix est justifiée... Le premier (en haut de l'image) est huit fois plus cher que l'autre mais la nervosité des poils, la qualité de montage de la touffe, justifient largement la différence de prix !

 On ne manie pas ce pinceau comme un crayon, comme nous le faisons en France, mais en tenant le pinceau en général plus verticalement et assez haut sur le manche qui est cylindrique, ce qui permet de faire pivoter le pinceau sur lui même. On obtient ainsi des effets graphiques très particuliers, notamment des courbes très dynamiques. Ces caractéristiques et cette utilisation, adoptées en Europe par des artistes comme Pierre Alechinsky, donnent une très grande liberté graphique .

Certains artistes, qui travaillent avec des encres de couleur, chargent la touffe de leur pinceau avec des couleurs différentes et obtiennent ainsi des effets de dégradés très subtils en un seul passage du pinceau.

Il faut d'ailleurs noter que la vivacité du trait est une caractéristique importante du travail de l'encre, accentuée encore par le caractère absorbant des papiers utilisés .

Enfin, on trouve également au Japon des « feutres » dont le corps contient une encre très liquide et dont la pointe imite la forme de la touffe des pinceaux traditionnels et permettent ainsi de réaliser des exercices de calligraphie sans avoir à préparer un encrier (voir l'article précédent). Ils sont très intéressants pour dessiner aussi lorsque l'on veut bénéficier d'un trait souple et sinueux dont le noir reste dense.